samedi 2 avril 2011

"Find another fool like before"

Et, hier, JB dénichait une version par les Clarendonians de You Won't See Me des Beatles. Et il était étonné car: primo il ne l'avait jamais entendue, lui qui pourtant connaît bien la discographie des Jamaïcains; secundo il avait déjà sondé les reprises reggae de ce morceau des Beatles qu'il prend toujours plaisir à écouter sans tomber sur celle-ci. Puis,  par la suite, il s'étonnait de la concomitance (lui qui décidément adore les coïncidences) des paroles de la chanson avec une autre chanson qui brusquement s'imprimait dans son cerveau à l'écoute de la première, et qu'il avait entendue la semaine dernière à la radio, dans la Rance, roulant en voiture avec Der Papa au volant pour aller rendre visite à son mire français — une chanson qui l'avait rendu triste et qui l'a toujours rendu triste sans qu'il comprenne vraiment pourquoi. Et donc, hier, réécoutant l'une et l'autre, il comprenait. JB comprenait d'abord quelles étaient les phrases de la seconde qui le mettaient littéralement à terre:



Les petits amis de JB ont-ils reconnu la chanson en question, qui date des années 80?
Les paroles disent:
So find another fool like before
Coz I ain't gonna live any more believing
Some of the lies while all of the signs are deceiving
JB adore cette phrase avec ses trois allitérations en F — c'est son côté toune quotidienne. Bref.
Car, oui, le morceau en question n'est autre que… que… Eye in The Sky des… des… Alan Parsons Project. Et oui. Et si. Pff… Il faut vraiment être une toune quotidienne pour mettre ça sur le blog tatoué et fumeur. Mais bon.

Alors question:
En quoi ce "find another fool like before" faisait-il écho à You Won't See Me?
Avant de répondre, on écoute la version des Clarendonians:



Scratch scratch scratch, fait le disque pendant que la voix de Freddie McGregor s'étire inlassablement comme un élastique qui va devoir casser. Et, de fait, si on écoute bien, on entend ici et là quelques fausses notes, un timbre qui se brise, une hauteur si aiguë qu'elle finit par être mal placée.

Du coup, on réécoute l'original des Beatles, que chante ici un autre Mc, à savoir Paul McCartney — qui a composé la chanson après la rupture avec Jane Asher. Et cette précision devrait fournir une partie de la réponse à la question que posait JB ci-dessus.

Beatles - 03 You Won't See Me .mp3
Found at bee mp3 search engine

Alors elles disent quoi, ces paroles?
Ça, d'abord:
I have had enough
So act your age
We have lost the time
That was so hard to find
And I will lose my mind
If you won't see me

Deux êtres se quittent. Comme souvent, l'un est amoureux et l'autre pas. Mais ce n'est pas ça qui intéresse JB. Ce qui l'interpelle, c'est le refus. Le refus de la souffrance le refus de l'enchaînement captif, le refus d'être la personne à laquelle consciemment ou pas le second souhaite assigner le premier. Cette privation de la liberté et de l'individualité qu'induit le déséquilibre de la passion. La nécessité de partir pour ne pas partir de soi. L'obligation de se tirer pour s'en tirer. Et donc on part:
I won't want to stay
I don't have much to say
But I can't turn away
And you won't see me
Et donc on dit aussi en partant:
So find another fool like before

Et JB, qui n'est scandinaviste pour rien, a retenu la leçon de vie des Scandinaves pour qui la liberté individuelle est plus importante que tout. Il s'en va — et même si les raisons sont inverses. Il s'en va et il écoute You Won't See Me. Beaucoup. Énormément. Son mange-disques électronique, outre qu'il livre les différentes versions conservées, assure la comptabilité de ces écoutes:


Car de toutes, c'est bien la version d'Ernest Ranglin que JB préfère et adore. Cette guitare ensorcelante et ces voix haut perchées qui de l'original n'ont conservé que la phrase-titre: "You won't see me".



Huit ans après, Ernie Smith livre lui aussi sa version. Soulful ou smooth reggae comme on voudra, mais en tout cas servie par une voix de baryton à la couleur plus qu'intéressante.



Mais cette interprétation par Ernie Smith doit tout à la version de la Canadienne Anne Murray sortie la même année et dont, paraît-il, c'était la préférée de John Lennon. On l'écoute, et on fait bien attention à l'accent d'Anne Murray, qui serait presque australien. De même qu'on ne rate pas les violons dégoulinants complètement raccords avec la toune quotidienne qu'on peut être même en ce samedi.

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