dimanche 13 février 2011

"You will come again"

Et, toujours aussi skinisant et tounisant, JB écoute depuis plusieurs jours sa compilation intitulée Sonntagsmusik (= Musique du dimanche) qu'il a bricolée avec ses petites mains il y a pas mal de temps déjà et ça tombe bien puisqu'on est dimanche.
Et, en réécoutant Breakfast In Bed (en ce moment même pour la 204e fois depuis que le morceau a intégré son mange-disques électronique le 5/02/2007), le tube de la one hit-wonder Lorna Bennett (et JB de se souvenir qu'il avait visionné sur toitube une interview sur une télé des Caraïbes (JB a un trou de mémoire, il ne sait plus quel pays c'était mais ce n'était pas la Jamaïque) où elle était interrogée avec Susan Cadogan et, pendant toute l'interview, elle avait gardé ses lunettes noires, et JB s'était du même coup demandé si, comme lui à un moment, elle souffrait d'une myxomatose — bref).

Non, pas bref. JB a entre-temps retrouvé la vidéo en question et découvert avec stupeur que même Susan Cadogan portait des lunettes de soleil. Pourquoi? Parce que ces dames avaient les projos dans la tronche? Parce qu'elle aussi était atteinte de myxomatose? La question reste ouverte et JB a le mérite de la poser car elle taraude tout le monde, à commencer par lui-même et tous ses petits amis derrière lui.
Toujours est-il que Lorna fait moitié voire carrément la gueule, avec son visage comme figé par des milliers d'injections de Botox® qui à elles seules expliqueraient pourquoi elle est incapable de sourire, ou à croire qu'on l'a traînée là de force et qu'elle va à n'importe quelle seconde envoyer une mandale à Lovena et Flower, les deux journalistes (JB n'y peut rien si elles s'appellent comme ça). On regarde la Lorna mal lunée, à droite, dans ses drapés et ses froufrous, et surtout avec ses verres teintés qui lui mangent le visage comme une burqa oculaire:


Et donc JB a mis sa compil Sonntagsmusik, dont voici les titres:


Et il écoute donc Breakfast In Bed:



Et, tounisant et skinisant, il s'identifie à fond avec ce que chante Lorna Bennett. Que ne l'a-t-il pont connue, cette situation où, ayant mis les petits plats dans les grands, après avoir mis d'autres grandes choses dans des choses plus petites, il a lui aussi déclamé:
What's your hurry? / Please don't eat and run / You can let her wait, my darling / It's been so long / Since I've had you here / You will come again / Darling, it will be / Like it's always been before

Or, contrairement à ce qui est indiqué dans le mange-disques électronique de JB, le morceau ne date pas de 1974, mais de 1972, comme le confirme discogs. Produit par Harry J (oui, l'auteur de l'immarcescible Liquidator) et orchestré par Geoffrey Chung et Carl Harvey, Breakfast in Bed est sorti sur Blue Mountain mais a vu le jour l'année d'avant, à en croire Lorna Bennett sur son site:


Et donc le disque est un succès:


Sur la face B, Skank in Bed, David Scott aka Scotty offre une version dancehall qui surfe sur le succès de U Roy et, si on a le droit d'être très vite lassé par le dancehall, on peut ricaner par la rupture du morceau en plein milieu, lorsque Scotty demande au musicien de quitter le studio puisqu'il ne sait jouer d'aucun instrument.




La même année, Bongo Herman offre une version instrumentale mi-dub mi-nyahbinghi, avec les congas et le saxophone mis très en avant — c'est dire à quel point le morceau de Lorna Bennett a fait mouche. Et on écoute aussi:



Et, l'année d'après a priori, Harry J et Geoffrey Chung propose leur version tout aussi instrumentale, mais dub à fond et sans doute influencée par des substances dont JB ne veut pas connaître le nom ou alors par des êtres mystérieux sans doute aperçus lors de l'ingestion desdits produits. Puisque ce morceau ne porte nul autre nom que UFO:



Toujours en version reggae, on trouve en 1973 la version très orgue et un peu flemmarde de Byron Lee, mais aussi, en 1977, la version de Candy McKenzie, produit cette fois par Lee Perry mais très influencée par Bongo Herman, tant dans l'orchestration que par la marque du dub qui privilégie, au niveau de la voix, l'écho. Une voix dont le timbre rappellerait presque parfois celui de Grace Jones qui, quelques années plus tard, copiera le son reggae avec précisément les mêmes effets. Le morceau par Carry McKenzie est ressorti l'année dernière chez Trojan Records et c'est le site skarlatine qui nous explique tout:




Sinon, ce sont cette fois, s'il vous plaît, messieurs Sly & Robbie qui se mettent aux commandes de la production. En 1979, en offrant un disque à Sheila Hylton, puis en 1993 à Carron Smith. Or, dans les deux cas, force est de constater qu'ils ont eu énormément de mal à se détacher de l'interprétation de Harry J et Geoffrey Chung, et on ne saute hélas pas au plafond en les écoutant, même si celle de Sheila Hylton dépasse la seconde. Et ce sans oublier bien sûr Hortense Ellis et sa version de 1991, dont l'orchestration par son frère Alton, quoique réussie, ne cache hélas pas la faiblesse vocale de la chanteuse (confer, ces moments où elle doit pousser et tenir la note).


Mais le succès de Lorna Bennett (le sien et la fortune reggae qui en découle) ne serait rien sans la version originale, chantée par Miss Dusty Springfield sur son impérissable album de 1969, Dusty in Memphis qui, JB n'aura jamais de cesse de le répéter, doit figurer dans tous les bonnes discothèques — allmusic affirme même: "It's truly a disc deserving of its classic status", et JB branle du chef plutôt deux fois qu'une. Camp à mort grâce à ses violons dégoulinants, la chanson est une espèce de pré-Northern Soul qui fait la part belle aux instruments à vent qu'adoraient le ska. On écoute:



Composée par Donnie Fritts et le guitariste Eddie Hinton (qui, JB l'apprend aussi sur allmusic, a même joué avec Toots Hibbert de Toots & The Maytals), la chanson sera reprise par une quantité de chanteuses: Carmen McRae en 1970, suivie l'année d'après par Shirley Bassey qui en offre une version braillante et beaucoup trop rapide. Mais avant elle, c'est Baby Washington qui s'y colle la première avec une interprétation fort honorable qui évince les violons et conserve les instruments à vent. Et la chanteuse de se montrer plus insistante que Dusty puisqu'elle ne chante pas "You will come again" mais "Please come again":



Et, outre Joan Osborne plus en 2007, ce sont surtout les pilleurs de UB40, comme JB l'expliquait en allemand en mai 2010, qui reprendront le morceau. Mais pas n'importe quelle version. Ils ne reprendront pas l'original de Dusty, mais bien celle de Lorna Bennett. De fait, celle-ci ne chantait pas "Breakfast in bed / a kiss or three", mais: "Breakfast in bed / kisses on me". Et c'est aussi ce que Chrissie Hynde et Ali Campbell répètent et singent. Pff…

Mais bon. Quoi qu'il en soit, JB, qui vient juste d'ôter ses rouleaux, continue de chanter à tue-tête en écoutant Dusty Springfield et Lorna Bennett à tour de rôle ces paroles si justes de vérité patente et crasse:
Don't be shy / You've been here before/ Pull your shoes off, lie down and I will lock the door / And no one has to know / You've come here again / Knowing it will be / Like it's always been before.
Et sur ce, JB souhaite à tous ses petits amis un bon dimanche sous ses applaudissements.

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