mardi 19 octobre 2010

Riante Finlande

Et, de bon matin, JB traduit Kurtville, d'Erlend Loe. Dans le passage ci-dessous, il convient de préciser que Bud a six ans, ou peut-être trois, ou peut-être cinq. Kurt est son père, Anne-Lise sa mère, Helena sa grande sœur:

Et on va… où? avait demandé Kurt du bout des lèvres.
En Finlande! s’était écrié Bud.
Oh naaan! s’étaient écriés à leur tour, de conserve, les autres membres de la famille.
Pour tout Norvégien cherchant une villégiature qui sorte un peu de l’ordinaire et soit facilement accessible, avait argumenté Bud, la Finlande est alors la destination idéale.
Oui, d’accord…, avait dit Anne-Lise en essayant d’être positive.
Mais qu’est-ce qu’on va aller fiche en Finlande? s’était interrogée Helena.
La Finlande fourmille de surprises plus réjouissantes les unes que les autres, avait répondu Bud. On y trouve des quantités impressionnantes de lieux captivants où une visite s’impose, et tout autant d’animations estivales événementielles. Sans oublier cinq millions de Finlandais guillerets et rieurs.
Ah bon? avait dit Anne-Lise.

"Ah bon?" s'étonne-t-on de conserve nous aussi, en songeant d'autant plus aux films d'Aki Kaurismäki, et notamment au souvent flippant Au loin s'en vont les nuages, de 1996, qui enchaîne désillusion sur désillusion. On a bien en tête cette scène, vers la fin, lorsqu'ils viennent finalement d'ouvrir leur restaurant, intitulé Le Travail, où un long plan séquence filme le personnel figé, le regard scrutant l'extérieur, tous en train d'attendre, le premier jour de l'ouverture, que les clients daignent venir. Les minutes s'égrènent, rien; le temps passe, personne. Et ainsi de suite, et ainsi de suite - et, en tant que spectateur, on se dit que décidément la vie ne vaut pas d'être vécue. Et puis finalement, si: les clients viennent.
Mais avant, il y a donc ces moments désespérants, au cours desquels les personnages vivent des situations humiliantes ou dramatiques - sans un seul instant se départir d'une morgue tout aussi terrifiante. Il y a notamment cette scène dans le restaurant, au cours de laquelle un orchestre interprète une chanson forcément nostalgique. On s'arrête un instant sur les figures du personnel - qui savent qu'ils vont être licenciés et observent la clientèle (âgée, cela va de soi) en train de danser:


Mais c'est surtout le visage impassible de Kari Outanen qui sidère, ici comme dans tous les films de Kaurismäki dans lesquels elle a joué:


On regarde à présent la scène en question:




Mais en fait c'est faux et archifaux. Les Finlandais sont, ainsi que Bud l'affirme, des gens "guillerets et rieurs". JB en veut pour preuve les immarcescibles reprises par Vicky, aka Virve Rosti, qui, en 1979, chantait Mustaa Vain. JB laisse à ses petits amis le soin de découvrir l'original qui se cache derrière ce morceau d'anthologie, mais il tient à rappeler qu'une autre chansonnette d'elle peut être entendue sur le blog tatoué et fumeur, à savoir ici. Enfin, JB insiste pour souligner que, oui, le disque est rayé, c'est (a)normal et c'est grand.



Et une bonne journée à tou(te)s, hein.

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