samedi 30 octobre 2010

Le sang de l'abbé JB

Lisant son journal, JB voit dans le titre d'un article consacré à Barack Obama la construction "Aloha-Geist", donc "l'esprit Aloha". Forcément, il repense à la chanson des Breeders qu'il écoutait au début des années 90: No Aloha. Du coup il se lève, va vers son iTunes, la trouve sans peine. Il l'écoute. On va l'écouter tous ensemble, ici dans sa version en concert, à… Dublin, en 2008 - alors que la chanteuse Kim Deal a elle aussi pris quelques années depuis 1993, à la sortie du disque, Last Splash, dont est tiré le morceau:



Et JB adore ce moment de pur bonheur que doit vivre Kim Deal lorsqu'elle marque une pause après ces longs accords de guitare et basse aux sonorités surf et sixties, mi-hawaïen mi-Beach Boys; cependant que les fans dans le public se mettent à hurler, attendant ce moment d'explosion, lorsque la batterie va se déchaîner et que la chanson va tonner. On regarde de nouveau son sourire radieux:


Et JB mettrait sa main à couper que Kim Deal porte un pull Fred Perry… Hum… Kim Deal une skingirl? Ça alors… Kim Deal une renée?!!!

Toujours est-il que JB écoute les paroles. Et ces paroles l'interpellent. Il ne comprend pas d'abord pourquoi. Il les réécoute. Puis il comprend. Elles ont tout à voir (du moins aux oreilles et au souvenir de JB) avec le film qu'il a vu hier soir avec G, Wir sind die Nacht (= Nous sommes la nuit), une histoire très séduisante où 4 vampires dont deux résolument lesbiennes font la fête dans un Berlin tantôt ultrachic, tantôt ultradéfoncé (et ce, dans tous les sens du terme).
Tout est dans ce couplet:
O the treats
Saw it on the wall
Motherhood means mental freeze
(Freezeheads)
No aloha
I know, I saw
And now may die

The treats, c'est que la vampire Nora ramasse le fric dans le club où elle ses copines lesbiennes et tout aussi vampires font la nouba:


Saw it on the wall, c'est lorsque Louise, la vampire devenue telle au XVIIIe siècle et interprétée par la sublissime et renversantissime Nina Hoss (on y revient) gratte le mur avec ses ongles, de fureur et de jalousie:



Et enfin, I know I saw / And now may die fait évidemment référence à la lumière, cette lumière qui tue les vampires.
On les voit ici profiter des dernières obscurités de la nuit avant qu'elles ne se réfugient dans leur chambre où ne filtre aucune lumière sans quoi elles se consumeraient (et déjà leur corps dégage des vapeurs):


Ou ici lorsque Lena vient d'être mordue sans pour autant être encore vampire - mais la transformation a déjà lieu et elle se brûle aux rayons du soleil:



Quoi qu'il en soit. Tant JB que G ont été enchantés par cette interprétation du désormais portrait mythique de la vampire lesbienne; ici résolument émancipée, fière d'elle-même et de son destin et "haïsseuse de mecs", comme le disait Sara Stridsberg dans La Faculté des Rêves. Deux images, ci-dessous, elles aussi tirées des deux différentes BO, celle-ci et celle-là:



De la même manière, JB et G ont été passablement déçus par la fin du film qui rétablit une certaine domination masculine et en tout cas fait la part belle à l'amour… hétérosexuel. Bon.
Mais ils ont notamment adoré cette scène lorsque Charlotte, la vampire devenue telle dans les années 20, tire sur son éternel fume-cigarette et se fait rappeler à l'ordre par un client. Et voilà ce qu'elle fait:



Mais les vampires sont immortels et même une blessure se guérit d'elle-même immédiatement:




JB avait toutes les raisons du monde d'aller voir, précisément ce vendredi, Wir sind die Nacht. D'abord à cause de l'actrice Nina Hoss dont il est absolument et définitivement fan et dont le jeu dans ce film est à tomber. JB pense notamment à une des scènes finales où elle demande à une autre vampire de lui dire qu'elle l'aime - celle-ci le lui dit, mais sur un ton évidemment pas convaincu du tout. Et Nina Hoss, entre franc sourire et larmes déchirées, de répliquer: "C'est le plus beau mensonge qu'on m'ait jamais dit." Voyant cela, JB se damnerait pour avoir la permission de prendre le thé ou le champagne avec Nina Hoss, qu'on peut admirer ici:


JB avait donc toutes les raisons du monde entier d'aller ce film précisément hier vendredi, lui qui, une semaine plus tôt, inaugurait la foire du boudin noir à Berlin, ingurgitait des litres et des litres de sang et devenait lui aussi "un petit vampire". Après une semaine sans sang (hö), il est évident que JB était en manque. Aussi, en voyant les drink bien incarnats que s'envoyaient les vampires dans le film, il était très jaloux:


Mais G a tenu a rassurer JB: "Songe que si tu étais vraiment vampire: primo tu te retrouverais avec des cheveux longs, secundo tes tatouages s'évaporeraient."
Ah oui, crutte de zut!
On voit ainsi le changement capillaire de Lena, qui était bien mieux avec ses cheveux courts qu'avec ses cheveux longs.



Et, de la même manière que JB n'a aucun désir de se retrouver avec une toison hippie, il ne souhaite pas voir ses tatouages chéris se dissoudre dans le bain de jouvence obligatoire:




Allez, on se quitte par les filles avec lesquelles on avait commencé, les sœurs Deal et les Breeders. Et notamment avec leur morceau de 1990, Hellbound, puisque Kim chante: "It lives, dispite the knives internal / It lives marry me."
Et JB est abasourdi. Il va chercher le morceau sur toitube, le trouve et est content, ignorait qu'une vidéo avait été réalisée, la regarde, et qu'est-ce qu'il voit? que se passe-t-il au fur et à mesure des images? qu'arrive-t-il à Kim Deal tandis qu'elle chante avec ce sourire satisfait?


Exactement. Elle se prend du sang sur la figure.
Le sang. Les vampires. Kim Deal. Nina Hoss. JB. Wir sind die Nacht. Hellbound. Et de même qu'il y avait la jouvence de l'Abbé Souris Soury, il y a désormais le sang de l'abbé JB Jay-Be. No bye, no aloha.

1 commentaire:

S. Rance a dit…

°°Page très graphique.
Merci JB_