dimanche 29 août 2010

Reggae grotesque (4)

Et on reçoit un pneu électronique de la tanière des ours en peluche qui nous dit : "Y a eu de la baston!" De la baston, ah bon? s'écrie-t-on, abasourdi. Oui, le plus petit, qui veut devenir rude boy quand il sera grand adore la chanson de Desmond Dekker qui a été mise ce matin sur ce blog tatoué et fumeur. Son grand frère, un gros dur et rouleur de mécaniques et à qui on ne la fait pas, lui aurait rétorqué: "La voix fait un peu trop l'horrible chanteur des années 80 Boy Georges."

JB sort donc de sa sieste et doit enfiler ses frusques de médiateur.
Il doit donc résoudre les différends à propos de deux problèmes:
1) la baston
2) Boy George
JB procède dans l'ordre.

La baston.
À la grande surprise de JB, ce terme d'argot n'est pas si récent que ça puisqu'il date de 1926, recensé par Georges Esnault dans son Dictionnaire des Argots français. Et Jean-Paul Colin de poursuivre son explication étymologique dans le Larousse de l'argot & du français populaire:
forme ancienne de bâton (du latin vulgaire basto) qui a curieusement resurgi en argot contemporain. 1. 1926 [Esnault]. 2. 1950 [idem]. Le genre féminin apparaît tardivement (1975). Nettement plus moderne que castagne.
Ça alors… Le genre est resté flou pendant plusieurs dizaines d'années?! Ça alors…
Que le mot viennent de bâton ne nous étonne pas, on a fait justement mercredaille dernier (juste avant le retour du Jédï) une petite leçon de grammaire pour nos amis norvégiens où on expliquait les règles linguistiques de l'emploi de l'accent circonflexe en français.
Le Wiktionnaire a une explication à nous fournir sur le genre du substantif baston:


On va lire l'avis du Robert historique de la langue française qui le rencense à bastonnade:
BASTONNADE n.f. est emprunté (1482) soit à l'italien bastonata (1348-1353), soit à l'espagnol bastonada (XIIIe siècle), soit à l'ancien provençal bastonada (1343). Tous ces mots sont dérivés du correspondant français bâton. Bloch et Wartburg penchent pour un emprunt à l'italien en rapprochant ce mot des termes de vocabulaire militaire emrprunté à l'italien à la même époque; mais bastonnade ne semble pas appartenir à ce vocabulaire. ◊ Le mot désigne une volée de coups de bâton, notamment administrée par châtiment et, dans les bagnes, celui qui consistait à frapper un forçat au moyen d'une corde goudronnée (1836). ◊ Par extension, il est employé en argot à propos d'une violent bagarre (1926).
Comme quoi, même sur l'étymologie, c'est la baston…

On aura au moins rséolu un différend.
On passe au second: Boy George.

Sans vouloir blesser le grand frère des ours en peluche dans son intégrité ni flétrir son honneur, mais on pense qu'une confusion s'opère dans son cerveau au niveau des titres des chansons, qui répètent certains mots comme on le voit ci-dessous:
Desmond Dekker chante: You can get it if you really want.
Boy George chantait: Do you really want to hurt me?
Car sinon, non, les voix de Desmond Dekker et de Boy George n'ont rien à voir l'une avec l'autre - là-dessus on s'appropriera la devise de la reine des Pays-Bas: "Je maintiendrai."

Ceci dit, JB donne entièrement raison au grand frère des ours en peluche par rapport à la chanson dont le tite figure plus haut. Et il découvre avec stupeur que les Heptones ont fait une reprise de la rengaine. Qu'on écoute:



C'est absolument ridicule!
Oui, encore du reggae grotesque comme on se plaît parfois à le faire entendre sur ce blog tatoué et fumeur. Mais ce n'est pas fini, car même dans les commentaires de la vidéo, c'est la baston - certains prétendant que l'original est des Heptones, d'autres soutenant mordicus et comme de juste que non:


Heptones ou pas Heptones, la reprise est comme son original: grotesque.
Mais JB se souvient que les Violent Femmes (dont il tient toujours le premier disque de 1982 en haute estime) se sont eux aussi essayés à la reprise en 1991. On écoute:



Alors? La reprise est tout de même tordante. Les Violent Femmes n'ont conservé que la mélodie et la phrase interrogative du titre - pour le reste, ils ont écrit des paroles complètement inédites. Mais le résultat est-il à la hauteur? La voix de Gordon Gano, dont on sait qu'elle peut agacer certains, devient ici très vite énervante. Et si la premièe écoute du morceau se révèle amusante, la seconde est immédiatement exaspérante. Pourquoi? Parce que l'original est nul. Tout simplement. Nul et grotesque. Et donc toutes les versions, qu'elles soient reggae ou indie, seront tout aussi nulles et grotesques.

En parlant de grotesque, et pour conclure en beauté, on trouve ce commentaire sur la vidéo des Violent Femmes. Et la précision finale en guise d'argument massue nous fait pisser de rire!!!

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