dimanche 15 août 2010

"Au palier où il se trouve…"

Traduisant cette phrase qui se passe dans la nuit africaine, cette nuit africaine "noire comme de la suie" ainsi que je l'ai traduit un peu plus haut (et c'est vrai que la nuit africaine est d'une opacité quasi abyssale): "Je viens de taper dans un truc mou. Un truc qui ne remue pas." Traduisant cette phrase qui se passe dans la nuit où figure le verbe conjugué remue, je repense forcément au recueil d'Henri Michaux: La nuit remue.
Je vais chercher le livre dans la bibliothèque. Je feuillette. Au début, je suis déconcerté: je ne vois nulle part l'écriture d'Henri Michaux que je saurais reconnaître entre mille. Puis l'œil s'arrête sur la deuxième partie d'un poème intitulé Comme je vous vois, et là j'évolue en terrain connu:
Et vous guerriers soldats au bon cœur, vendus bénévoles
Votre belle cause est mesquine. Elle aura froid dans les couloirs de l'histoire
Comme elle a froid!
Je vous vois en tablier, moi, est-ce curieux!
Je vois le Christ — Pourquoi pas? —
Comme il était il y a 1940 ans.
Sa beauté déjà disparaissant,
Le visage rongé des baisers des futurs chrétiens.
Alors, ça marche toujours la vente des timbres pour l'au-delà?
Allons, au revoir tous, je n'ai encore qu'un pied dans l'ascenseur.
Adios!
Je continue de feuilleter. Puis je tombe cette fois sur cette postface à la deuxième partie du recueil intitulée pour sa part Mes Propriétés. Et là je suis frappé par l'extrême et impressionnante justesse des propos d'Henri Michaux sur la maladie et dont on pourrait souligner chaque phrase:

© icke © Henri Michaux © Gallimard

© ibidem

Et quelle autre chanson pour ponctuer ces phrases que le magnifique Fair Deal des Progressions (qui ne sont autres que Lyn Taitt & The Jets)? Il faut absolument écouter les accords de trombone et trompette à tomber raide qui ponctuent chaque couplet.

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