mercredi 23 juin 2010

Le langage et le vocabulaire qu'on utilise

C'est quand, déjà, que je parlais de genre, sexe et traduction?
Ah ouais. Y a pile une semaine.
Je faisais un méga lapsus de mec.

Et je viens d'en refaire un.
Un pas piqué des hannetons.

J'étais censé traduire:
Julia a le soleil dans les yeux (…)
J'ai traduit:
Julia a le soleil dans les deux (…)
Ouiii…

On fait quoi pour se faire pardonner?
Et puis non. On se fait pas pardonner, c'est un terme du langage religieux - on se fait excuser, on demande à autrui d'accepter nos excuses.

Alors on fait quoi?
Allez, on ressort nos anciennes copines de L7 qui chantent, en 1993, Wargasm.
Et qui on voit, assis sur la scène? Assis côte à côte? Non? Si! Kurt Cobain et Courtney Love. Kurt Cobain… (soupir…) Kurt Cobain… (re-soupir…) Kurt Cobain († RIP).
Allez, cette fois on écoute le womyn* power des L7, avec la batteuse en slip et en soutif - génial! Et ça parle de quoi la chanson? Ça parle de nanas qui ont envie de baiser et qui baisent et qui en baisant déclarent la guerre aux mecs. Im-pec-cable! C'est par-fait! Ne changez rien.



* Womyn avec un Y puisque les féministes américaines refusent d'employer le terme women à cause du E qui fait penser à men = les hommes (= les mâles). Donc womyn pour complètement démasculiniser non seulement la réalité mais la taxinomie, la terminologie. Angela Davis ne disait pas autre chose hier, à propos d'autre chose. Elle disait à propos des années 60, comme quoi vers la fin des années 60 ils [les militantEs noirEs et homosexuelLEs] n'avaient pas forcément conscience, ne prenaient pas forcément conscience de la lutte à mener pour leur libération: "We wouldn't perhaps have the vocabulary, and there's always been a struggle over langage, over vocabulary (…)"
Voilà c'est exactement ça: la prise de conscience du langage et du vocabulaire. Le langage et le vocabulaire qu'on utilise. Au quotidien. La prise de conscience de soi, la prise de conscience de soi par rapport à l'autre, au groupe aux "institutions" (pour reprendre le terme d'Angela Davis) qui nous excluent, la prise de conscience de sa différence par rapport à une normativité (qu'elle soit homo ou hétérosexuelle, qu'elle soit politique (quand on est d'extrême-gauche) ou sociale (quand on appartient à une classe prétendument inférieure)) - cette prise de conscience passe d'abord par le langage et le vocabulaire qu'on utilise. La libération de soi passe d'abord par le langage et le vocabulaire qu'on utilise. La traduction passe d'abord par le langage et le vocabulaire qu'on utilise. La bonne traduction passe de toute façon et avant tout par le langage et le vocabulaire qu'on utilise.

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