lundi 3 mai 2010

Zivilcourage

Et donc, je le disais hier, la marche es néo-nazis à Berlin a été empêchée. Déjà, de 3000, leur nombre s'est rétréci à 600 (chiffres de la police). Et si ce sont 600 de trop, ils n'ont guère pu faire que quelque cinq mètres avant de devoir renoncer. Il est certain qu'ils ont été allègrement accueillis, notamment par la population qui diffusait par les fenêtres du Bob Marley à pleins tubes ou, raconte notre journal, avait accroché des affiches sur lesquelles figurait ce mémorable slogan: "Berlin bleibt bunt, Scheisse bleibt braun." C'est-à-dire: "Berlin reste multicolore, la merde reste marron" - le marron étant la couleur des fafs.
Mais l'événement de cette manifestation, on la trouve en "une" du journal:


Le monsieur qu'on voit sur la photo, avec des lunettes, une chemise bleue et une barbe, n'est autre que Wolfgang Thierse, un politicien SPD, ancien président du Bundestag (et actuel vice-président), résident du quartier de Prenzlauer Berg que les néo-nazis voulaient traverser. Qu'a-t-il fait, lui et d'autres politiques, pour empêcher la marche des néo-fafs? Il s'est tout simplement assis sur la chaussée. On voit un policier lui demander, l'implorer de se lever, ce qu'il refuse. Et ça, ce geste-là, quoi qu'on pense de l'homme politique Thierse, de ce qu'il a fait ou dit ou pas fait et pas dit, ce geste, à lui seul, on le lui sera toujours redevable.
Imaginons-nous Bernard Accoyer, le président de notre Assemblée Nationale s'asseoir sur… mettons l'Avenue de la République pour empêcher une manifestation du FN de défiler. Ou est-ce que Laurent Fabius, qui lui aussi a été président de l'Assemblée, ferait un tel geste?
Je parlais hier de vigilance politique pour qualifier l'Allemagne. Les Allemands ont aussi un mot: Zivilcourage. Littéralement, courage civique. Lorsqu'un individu, par un geste, fait preuve de civisme pour protéger la paix à un moment où celle-ci est en danger.
Je répète: Zivilcourage.

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