samedi 10 janvier 2009

Jean-Luc Lagarce

Reçu hier au courrier, un cadeau de M., un catalogue sur l'œuvre de Jean-Luc Lagarce, émaillé d'extraits de pièces, bouts de journal intime, textes de catalogue de saison théâtrale. Et parmi tout cela figure cet extrait, écrit en 1993, deux ans avant que Lagarce ne meure du sida:
Renoncer au naturel, ces choses-là, le naturel, les idées crétines de la fausse modernité, cette obligation qu'on croit pouvoir nous faire, tout dire, se raconter tous les matins, se répandre et s'étaler partout, exposer ses petits riens et vouloir croire qu'il s'agit de notre âme, ce qu'il en reste. Non. Renoncer, garder pour soi, être sur sa réserve, ne donner qu'en toute connaissance.

N'avouer que les vrais secrets, juste dire l'essentiel, et pas toujours graves et pas toujours tristes nos secrets. N'avouer qu'une fois, la première, et ne plus répéter, se complaire, pas compris, mal entendu, dommage et tant pis, ne pas ressasser, en faire petit commerce. Tricher en silence, mentir avec courtoisie et ne s'abandonner aux confidences qu'auprès des vraies belles personnes, celles-là douces et généreuses.

L'œuvre complète de Jean-Luc Lagarce est disponible aux éditions Les Solitaires Intempestifs. On lira surtout les pièces suivantes: J'étais dans ma maison et j'attendais que la pluie vienne et Les Règles de savoir-vivre dans la société moderne; puis son magnifique récit de voyage, un séjour "hollandais" (comme il dit) marqué par le sida er la fin imminente, Le Voyage à La Haye. On s'émerveillera de la puissance littéraire de son théâtre que l'on lit comme on lirait un roman, de la littérature.

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